jeudi 30 septembre 2010

Parole de Nobel

"La raison peut être bonne conseillère, elle a toutefois besoin d’être exercée comme on exerce ses muscles avant une difficile randonnée. Apprenez à ne pas vous laisser berner!"
Georges Charpak


Georges Charpak, décédé hier à Paris, était un physicien français d'origine polonaise, né en 1924. Il a reçu le prix Nobel de physique en 1992 pour son invention d'un détecteur de particules. Durant la guerre, il s'est engagé dans la Résistance et a notamment été déporté à Dachau. Bref, un grand homme comme on en voit très rarement.


Cette citation représente une des difficultés, mais aussi un des plaisirs, que l'on éprouve lorsqu'on travaille en sciences. En effet, cette gymnastique de l'esprit s'apparente à du sport, mais aussi à toute discipline demandant de la rigueur (par exemple la musique). Il est donc difficile de devoir entraîner son esprit (donc d'autant plus sa raison), mais d'un autre côté, le fait que cela s'apparente à une discipline est plaisant dans le sens où elle équilibre notre vie.



mercredi 29 septembre 2010

Détournement de proverbe

"Au royaume des aveugles les borgnes sont mal vus !"
Pierre Dac

Je suis assez fan des détournements de proverbes : "les voyages forment les bagages", "les blagues les plus courtes sont les moins longues", etc. D'autant plus quand, derrière, on peut y voir un autre message que celui d'origine.

Et je pense que c'est le cas ici, avec une morale qui irait très bien avec la politique actuellement nauséabonde de nos dirigeants. Les "borgnes" sont différents donc sont "mal vus", voyez-y un réquisitoire contre le racisme. De plus, notre royaume est bel et bien aveuglé : d'une part, parce que l'on ne voit pas toutes les critiques faites par les autres pays, et de l'autre parce que l'aveuglement peut-être celui de l'esprit.

On voit souvent ce qu'on veut voir, mon interprétation n'a peut-être pas été pensée par ce grand humoriste. Mais c'est en même temps la magie des citations : une phrase peut vouloir dire bien des choses.

mardi 28 septembre 2010

Les mathématiques vues par Bertrand Russell

"Les mathématiques sont une science dans laquelle on ne sait jamais de quoi on parle, et où l’on ne sait jamais si ce que l’on dit est vrai."
Bertrand Russell


Russell était un mathématicien Britannique spécialisé dans la logique, la branche traitant de leurs fondements. 

Cette phrase pourrait dérouter, surtout si l'on a passé du temps à comprendre ces foutus théorèmes à l'école. Mais il s'agit précisément de la grande force des mathématiques, qui pourrait expliquer en grande partie leur succès. En effet, en maths on manipule des objets mentalement, sans jamais se focaliser sur un exemple. Lorsqu'on parle d'une fonction, d'une figure géométrique, cela peut être n'importe laquelle, et le raisonnement que l'on fait par la suite tient pour tous les objets de cette catégorie. Ainsi, la généralisation est toute puissante.

Le fait que "l’on ne sait jamais si ce que l’on dit est vrai" tient aussi du fait qu'on ne se focalise pas sur ces exemples : si le triangle n'existe que dans notre tête, qu'on ne le manipule pas "en vrai", alors il n'y a pas d'expérience pour montrer, observer si ce que l'on dit est vrai. Cependant, depuis le XXème siècle et la montée en puissance de l'informatique, certains calculs, certains théorèmes, sont soumis à l'épreuve de la vérification numérique. Soit parce qu'on en a besoin dans les calculs scientifiques, soit parce qu'un humain ne peut pas faire en temps raisonnable tous ces calculs (par exemple pour le théorème des 4 couleurs ou la conjecture de Kepler).

On voit donc dans cette citation toute la puissance, et à la fois la magie, des mathématiques. Parce que ce qui n'existe que dans notre tête a résisté, depuis des siècles, à l'application au monde réel.